St Benoit accueille les élèves autistes !
Notre collège propose depuis la rentée de septembre 2021 un Dispositif d’autorégulation (DAR) destiné à des élèves présentant des troubles du spectre autistique (TSA).
Nous accueillons, dans chacune des classes, un élève diagnostiqué TSA par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH-Sarthe Autonomie).
À la différence de ce qui se passe aujourd’hui, ils ne sont pas accompagnés par une Accompagnante d’élèves souffrant de handicap (AESH).
Une enseignante et cinq professionnels (éducatrice spécialisée, aide médico-psychologique, moniteur éducateur, psychologue et psychomotricienne) sont présents au collège toute la journée pour favoriser leur inclusion scolaire et sociale.
Concrètement
Il s’agit d’anticiper toutes les situations qui provoquent des angoisses chez ces enfants d’une grande sensibilité afin de leur permettre de maîtriser leurs émotions et leur comportement.
L’environnement (comme le bruit sur la cour de récréation, les sonneries, l’éclairage) et les relations avec les autres, difficiles à décoder, peuvent provoquer chez eux des réactions émotives excessives. L’apprentissage de l’autorégulation permet de mieux les gérer.
Nous disposons d’une salle dédiée. Ils peuvent se préparer, avec l’équipe médicosociale, à aller en classe : se calmer et se mettre en éveil pour recevoir les apprentissages. La salle se trouve au cœur du collège. On ne veut pas stigmatiser ces enfants mais au contraire, les inclure. Nous proposerons aussi un accompagnement à leur famille.
Ce projet implique t-il tout le collège ?
Il nécessite en effet de la coordination entre l’équipe enseignante et les professionnels de la santé. Mais également les administratifs, le personnel de cuisine, de ménage, de vie scolaire.
C’est un engagement de tout le collège ! Nous sommes tous formés à l’autorégulation par la neuropsychologue Anne-Sophie Morena, qui coordonne notre projet.
Nous avons bien sûr informé les parents d’élèves actuels et de nos futurs élèves de 6ème. L’autorégulation doit profiter à tous nos élèves. Elle doit les aider à s’adapter à des situations difficiles, vivre sereinement leurs relations avec les autres, mobiliser leurs compétences à bon escient, acquérir de l’autonomie et gérer leurs éventuels problèmes de comportement.
Un dispositif rare…
Il est très répandu au Canada. En France, il est pratiqué dans une dizaine de classes de primaire. Mais dans seulement deux collèges (publics) : à Brive et à Strasbourg. Nous sommes le troisième en France. C’était un souhait de la direction de l’enseignement catholique de la Sarthe.
Nous commes accompagnés par la délégation interministérielle sur l’autisme. Et le projet est porté par l’Agence régionale de santé (ARS), à titre expérimental. C’est elle qui finance l’équipe médico-sociale du Sessad (Service d’édu-cation spéciale et de soins à domici-le) l’Envol de l’Arpep.
Orthophoniste, ergothérapeute et psychomotricien viennent aussi assurer leur consultation sur place. Le Rectorat met lui à disposition un enseignant.
Quels sont les enfants accueillis ?
Ils étaient trois la première année. Et à terme, dix sur les quatre niveaux. C’est une commission composée de représentants de la MDPH, l’ARS, le Sessad Envol, la direction diocésaine et moi-même, qui va les sélectionner, le 25 juin, sur des critères préétablis. Les élèves devront être déjà en cycle 3, avec deux ans de retard maximum.
Qu’est ce qu’un Dispositif d’Autorégulation (DAR) ?
Un Dispositif d’Autorégulation est une école au sein de laquelle on met en place :
- La coopération entre les enseignants et une équipe médico-sociale à temps plein
- L’approche autour de l’autorégulation, compétence développée chez tous les élèves
- La scolarisation à temps plein des enfants autistes en classe ordinaire, considérés comme des élèves à part entière
La majorité des élèves entrant à l’école ne possèdent pas les habiletés cognitives, sociales et émotionnelles indispensables à la réussite scolaire, nous avons donc souhaité développer une approche qui permettrait d’acquérir ces habiletés, non seulement pour les enfants autistes, mais aussi pour tous les autres ! Il est primordial de dépasser la notion d’intégration poussée que connaît la France et d’aller vers une réelle inclusion.
L’accessibilité se travaille en équipe !
Développer une société inclusive ne peut se faire qu’avec différentes expertises : celle des parents, premiers experts de leurs enfants, celle des enseignants bien sûr pour leur pédagogie, celle des équipes médico-sociales pour toutes leurs connaissances dans les habiletés sociales et méthodes éducatives et celle des équipes périscolaires qui participent à la vie de l’école tous les jours.
Au sein d’un DAR, toute la communauté éducative est formée ensemble à des modules divers, basés sur les sciences cognitives. Cette équipe pluridisciplinaire reçoit un coaching (supervision) régulièrement pour monter en compétences avec les 7 à 10 élèves autistes au sein de l’école, mais aussi pour développer une culture commune et une approche spécifique :
- Une approche positive, basée sur les réussites de chacun
- Une approche non stigmatisante des différences
- Une méthodologie basée sur les sciences : enseignement explicite, analyse des comportements-défis
- Un développement des habiletés sociales et de l’autorégulation chez tous les élèves
Les enseignants, dont un enseignant surnuméraire, appelé enseignant d’autorégulation et l’équipe médico-sociale (3 éducateurs à temps plein et des paramédicaux tels que des ergothérapeutes, psychologues, orthophonistes, psychomotriciens), travaillent ensemble dans les classes de l’école, dans la cour de récréation…
En toute complémentarité. C’est cet esprit d’équipe et cette montée en compétence accompagnée (formation et supervision) qui permet à chacun de se sentir efficace et moins épuisé dans son métier. La coopération, au service de l’école.
Si l’on prend soin des professionnels, on est certain qu’ils accompagneront au mieux chaque élève dans son parcours.
les enfants autistes manquent cruellement de vie scolaire
On parle souvent de la petite enfance pour ce qui est de l’autisme, un peu moins de ce qui se passe après. Et pourtant, la scolarisation des enfants souffrant de ce trouble neuro-développemental ressemble bien souvent à un parcours du combattant pour les familles.
Le manque de personnel d’accompagnement expliquerait ce très faible nombre d’heures passées en classe par les enfants autistes, alors même que pour beaucoup d’entre eux tisser des rapports sociaux est un enjeu capital pour leur développement.
enfants autistes de moins de 20 ans
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Enfants autistes scolarisés en maternelle
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